Résurrection, revenir à la course à pied après une hernie discale

Entretien avec François Baillieux, marathonien, triathlète et Traileur amateur.

’Une douleur me vrille le bas du dos quelques minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée du Marathon de Bruxelles, et perdure plusieurs semaines en raison d’une hernie discale qui sera révélée au scanner. Une hernie qui est apparue ‘’soudainement’’, sans notion de choc direct, alors que je ne présente aucun antécédent médical de ce type, ni eu de traumatisme par le passé à ce niveau. Il émerge de cela une totale incompréhension. D’autant, qu’après plusieurs mois, je me demande si je pourrais courir à nouveau car quelques foulées suffisent à me clouer sur place’’, nous explique François.

15 ans auparavant

Il se prend de passion pour la course à pied à l’âge de 18 ans, alors qu’il se trouve en terminale à la Silver Regional High School aux Etats-Unis. Il y pratique le 800m, une discipline qu’il poursuit une fois rentré en Belgique en 1998 pour étudier la kinésithérapie. Depuis lors il n’a jamais arrêté de courir.

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Pas de pied, pas de 7b ! Un pied, cela se construit

Pas de pied, pas d’escalade ! La précision et le maintien de l’appui sont des éléments essentiels dans la pratique de l’escalade, Lapalisse n’aurait pas dit mieux. Cependant, il ne faut pas se fier aux apparences car ce n’est pas parce que notre pied adhère à la paroi que sa statique et sa dynamique sont optimales. Elles peuvent en effet impacter insidieusement notre équilibre et limiter le nombre de postures et de gestuelles que nous sommes en mesure d’adopter. La mécanique du pied est plus complexe qu’il n’y parait, mais pas compliqué pour autant, ce n’est qu’une question de conceptualisation de son fonctionnement.

Pour cerner cette problématique nous pourrions nous poser la question suivante, sommes-nous tous capables de tenir n’importe quel type d’appui au niveau des pieds? Une question à laquelle il est difficile de répondre car le corps, en raison du nombre d’articulations qu’il possède, est en mesure de compenser mille et un défauts et ainsi donner l’illusion de fonctionner de façon optimale. Et ce d’autant plus si nous focalisons notre attention, lorsque nous grimpons, seulement sur notre capacité à enchaîner les pas et non sur le déroulement de la gestuelle, la justesse de nos appuis et la succession de postures que nous adoptons. Nous ne sommes pas en train de dire qu’il n’existe qu’une seule gestuelle mais plutôt qu’un système équilibré qui fonctionne à son meilleur potentiel augmente les possibilités du grimpeur, permet de gagner en précision et en économie. Le pied ne fonctionne pas seul, il est la base à partir de laquelle se construit l’appui mais il est également l’extrémité qui s’adapte et compense les défauts sus-jacents. C’est un élément de jonction entre la paroi et le reste du corps. Une défaillance à son niveau génère une multitude de compensations, augmente le coût énergétique et diminue l’éventail des possibilités.

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Prévenir les ongles noirs en course à pied – Approche systémique

Nombre de coureurs se plaignent de l’apparition d’ongles noirs après une longue course, un marathon, un Trail, ou tout simplement après des entrainements un peu plus soutenus. Pour certains c’est exceptionnel, pour d’autres c’est récurant. Nous pensons immédiatement que les chaussures sont trop petites, trop étroites, mal serrées, ou encore que les ongles sont mal coupés, limitant à deux ou trois facteurs les causes d’apparition de cette pathologie, alors que cela peut provenir d’erreurs techniques ou de faiblesses architecturales. Si chausser des chaussures plus grandes limite l’apparition de ce phénomène, cela a pour conséquence aussi de masquer les défauts et les faiblesses à l’origine de celui-ci, laissant le coureur les perpétuer.

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Trail et Bâtons, l’impact sur la bipédie !

Je suis tout sauf un adepte des bâtons et pourtant ce jour là ils m’ont permis d’aller jusqu’au bout.

La veille de l’ascension du Toubkal j’ai pris un coup de chaud, et commencé à en ressentir les symptômes alors que nous franchissions le dernier col de la journée, le Tizi n’Terhalaine à 3300m d’altitude. Pas de chance car, lorsque nous sommes arrivés au campement après une descente en plein soleil, il était à peine 13h, et la température allait continuer d’augmenter. Il n’y avait pas d’arbres, pas d’ombre, juste quelques scorpions jaunes dont il fallait éviter les piqûres, le soleil ne passerait derrière les montagnes qu’après 19h. Rien pour rafraîchir mon corps en dehors d’une minuscule source d’eau qui coule au milieu de nulle part et qui me permet tout de même de placer une poche d’eau froide alternativement sous les aisselles et sur le front. Mais c’est insuffisant pour m’être réellement bénéfique. Il me faudra donc attendre.

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Trekking en chaussures barefoot dans l’Atlas Marocain

160 km, 10 100 m de D+, une succession de cols qui culminent entre 3250 et 3600 m et un sommet au milieu du parcours à 4167m, le Toubkal. Ceux qui connaissent l’Atlas Marocain savent que les sentiers sont durs et caillouteux, rien à voir avec les sentiers souples que nous pouvons trouver notamment dans les Alpes. Dès lors, pourquoi se priver du confort d’une chaussure épaisse et moelleuse pour les parcourir penseront certains ?

Ce n’était ni un défi, ni un test pour une marque de chaussure mais seulement un trekking entre amis pour parcourir une petite partie de l’Atlas, le tout chaussé comme d’habitude de chaussures totalement souples de type barefoot. Des chaussures dont la semelle ne dépasse pas 8mm d’épaisseur, grip inclus et naturellement sans drop, le talon et l’avant-pied étant à la même hauteur. Des chaussures sans semelle de propreté ou autre pouvant ajouter une épaisseur entre le sol et le pied.

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L’intérêt de l’EAD dans la pratique du Ski Alpin

Magazine de l’Entraîneur de Ski Alpin n°110 été 2019 – Extrait de l’article et de l’ouvrage ‘Corriger la posture et les instabilités articulaires

EAD et ski alpin

… Lorsque la précision, la puissance et la vélocité doivent fonctionner simultanément, le contrôle, l’orientation et le maintien du positionnement des articulations deviennent des éléments incontournables, particulièrement lorsque l’on veut développer une conduite de courbe efficace. Du fait que le skieur possède un système extenseur très puissant, les contraintes verticales étant très importantes. Toute la difficulté est de développer un système stabilisateur en adéquation avec le système extenseur afin que le skieur soit capable de maintenir l’organisation de sa structure, c’est-à-dire l’orientation de ses segments et éviter ainsi une perte de contrôle et de maintien de l’articulation du genou au risque de nuire à son intégrité.

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Accepter notre humanitude dans nos pratiques sportives

Essai – © Fred Brigaud

L’humanitude, qui est encore un néologisme, se réfère ici au fait que dans un souci de survie et de santé nous ne pouvons ignorer ce que nous sommes. C’est comprendre, respecter et employer à bon escient ce qui nous régit et accepter nos limites. Mais qu’en est-il dans nos pratiques sportives actuelles ?

Le mythe du progrès

Dans notre société, nombre d’éléments qui étaient à l’origine une source de liberté sont devenus progressivement une nécessité puis une contrainte comme l’exprime Olivier Rey : ‘’Autrefois, […] la plupart des hommes n’avaient pas besoin, pour répondre à toutes les nécessités de l’existence, d’un autre mode de transport que la marche ; aujourd’hui les hommes qui ne peuvent compter que sur leurs jambes se trouvent pour la plupart en très mauvaise posture. Lorsque l’automobile paraît, le message est : « Maintenant grâce à la voiture, tu peux aller beaucoup plus loin qu’à pied » ; un siècle plus tard, il faut dire : « Maintenant, tu dois aller beaucoup plus loin qu’à pied, et tu as donc besoin d’une voiture. » C’est un mouvement général, qui détruit les moyens qu’ont les êtres humains de subvenir par eux-mêmes à leur besoin, et les oblige à passer par des objets ou des services qu’ils achètent.’’

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Les TMS du coureur, pour une approche multifactorielle de la pathologie

© Fred Brigaud – Fev 2019 

Dans le cadre des blessures de l’appareil locomoteur  chez le coureur à pied (muscles, tendons, ligaments, os, cartilage,…) qui apparaissent au fil des sorties sans notion de choc direct et qui sont le résultat d’une pratique, d’un entrainement, d’une gestuelle ou encore d’un terrain inadaptés, l’approche thérapeutique actuelle est incomplète car elle se borne trop souvent à traiter la pathologie pour ce qu’elle est, occultant le reste.

Ce type de blessure devrait être classé dans le registre des TMS (troubles musculo-squelettiques) et considéré comme tel. Une notion apparue dans le monde du travail où il est devenu évident qu’un geste technique répétitif inadapté est source de pathologie, et que la thérapeutique seule, c’est-à-dire le traitement des maladies, ne suffit pas à la résoudre. L’Etat promeut cette approche en raison du coût des arrêts de travail et de l’impact sur la productivité comme le résume si bien ces deux slogans ‘’Quand un travailleur souffre, toute l’entreprise est touchée’’[1], ‘’Les TMS coûtent chers à l’entreprise[2]’’. Une source de motivation logique dans un monde marchand déshumanisé où l’homme se résume à un rendement et un coût.

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Des pieds, des chaussures et des semelles

Fred Brigaud pour Ultrafanzine Magazine

Le port de semelles est-il obligatoire ? Il y a les inconditionnels de la semelle et des chaussures rigides qui tiennent le pied, et les autres… Et vous, quelle est votre opinion ? Avant de vous prononcer de but en blanc, commencez par prendre le temps de la réflexion et demandez-vous comment fonctionne le pied ? Ou plutôt comment imaginez-vous qu’il fonctionne ? Ou encore, comment vous a-t-on dit qu’il fonctionnait, si vous avez eu la chance que l’on vous renseigne réellement sur ce sujet. Le pied est là, sous nos yeux, à portée de mains, et pourtant la majorité des gens n’y prête pas attention, sa compréhension ne présentant que peu d’intérêt, et n’hésite pas à l’enfermer à longueur de journée dans un carcan.

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Comment l’amorti déstructure nos appuis !

Au hasard d’une expérience

 Greg, coureur avant-pied tout terrain aguerri, habitué à courir avec des chaussures de type barefoot, chausse exceptionnellement lors d’une sortie sur route une paire de running rigide comportant une semelle amortissante de 9mm sans drop. Des chaussures qu’un distributeur lui a proposé de tester afin d’avoir son avis. A la fin de la session, après une heure de course, il se déchausse et marche pieds nus sur le bitume. Il ressent instantanément un changement dans ses appuis. La répartition de la pression sous ses pieds est différente,comme s’ils avaient changé de forme durant la sortie. Des tensions musculaires inhabituelles parcourent également ses pieds. Ce n’est qu’après quelques minutes de marche pieds nus que la pression exercée par le pied sur le sol s’homogénéise et que les tensions disparaissent. Curieux par nature, Greg reproduit l’expérience pour constater à chaque fois le même phénomène alors qu’il n’en est rien lorsqu’il court pieds nus ou avec des chaussures de type barefoot (chaussures qui comportent une semelle très fine, souple, sans drop et aucun amorti). Comment s’explique mécaniquement cette évolution du pied ?

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