Cristiano Ronaldo, la meilleure façon de courir

Slate.fr – Entretien réalisé par Yannick Cochennec
Entretien donné suite à la parution du dossier « Le football se joue avec les bras », Ultramag mai/juin 2014
12 janvier 2015

Extrait 
…Les bras du Portugais au moins aussi importants que ses pieds? C’est ce que pense également Frédéric Brigaud, ostéopathe, biomécanicien français qui travaille auprès d’athlètes de haut niveau et qui fera paraître deux livres dans les semaines à venir autour des problématiques du pied et de la foulée. «Le football se joue aussi avec les bras, ce que l’on a parfois tendance à oublier, et Cristiano Ronaldo le sait mieux que les autres, dit-il. Le lien qu’il a notamment créé entre le haut et le bas de son corps est rare, voire unique dans le football.» Ce lien si particulier pourrait se définir de la sorte selon Frédéric Brigaud: «Quand nous sommes en position de déséquilibre ou au point de nous casser la figure, nos bras servent à tenter de corriger ou d’amortir le déséquilibre qui est en train d’apparaître au niveau du bas du corps, eh bien Ronaldo va au-delà, précise-t-il. Il utilise son haut du corps non pas pour rétablir un déséquilibre, mais pour augmenter son équilibre et modifier ses appuis

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Agir ou laisser faire le hazard

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Oct/Nov 2014
TECHNIQUE – COURSE À PIED | TRAVAILLER LE GESTE TECHNIQUE
ATTEINDRE LA PERFECTION DU GESTE, JUSQU’À CE QU’IL DEVIENNE AUTOMATIQUE, S’APPREND ; EN LAISSANT DE CÔTÉ CETTE PARTIE DE L’ENTRAÎNEMENT, ET CE QUEL QUE SOIT LE SPORT PRATIQUÉ, ON RISQUE DE NE JAMAIS ATTEINDRE LE MAXIMUM DE SES CAPACITÉS.

Je cours, je prends appui et je frappe dans le ballon… But ! Sourire aux lèvres, je me retourne vers mon équipe et je jette un regard vers le public, cherchant des yeux mes parents, fier d’avoir marqué ce but décisif. J’ai 15 ans, je suis dans un centre de formation et je travaille dur. La semaine dernière, j’ai frappé pas moins de 100 coups francs en entraînement, le même geste répété des milliers de fois depuis 3 ans, et qui me permet aujourd’hui d’être très précis…

J’ai 14 ans, la saison de ski reprend dans deux mois, nous sommes en pleine préparation physique au sein du ski études. Aujourd’hui, séance de bondissements où nous franchissons des haies de différentes hauteurs. Je saute de plus en plus haut ! Ma détente verticale augmente, un bon point lorsque je slalomerai cet hiver…

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Le foot se joue aussi avec les bras – biomécanique Cristiano Ronaldo

Par Frédéric Brigaud
Sept – 2014 | Vestiaires Magazine

Accélérer sa gestuelle technique en employant le haut du corps
Prendre du recul,

A focaliser notre attention sur le ballon et les jambes lors d’un dribble on en oublie le reste du corps. Pourtant, lorsque l’on prend du recul et que l’on élargit le champ de vision jusqu’à englober l’ensemble du corps, on peut être surpris par la gestuelle de Cristiano Ronaldo qui diffère nettement de la plupart des autres joueurs, mobilisant davantage le haut du corps (amplitude, vélocité). Non pas qu’il balance ses bras dans tous les sens pour rattraper un déséquilibre momentané, bien au contraire, ses mouvements sont contrôlés, précis et rythmés. Ils font corps avec le buste, en ce sens qu’ils ne se départissent pas de celui-ci, ils l’accompagnent, favorisant/renforçant même son mouvement. Ceci n’est pas le fruit du hasard et a pour objectif d’enclencher une biomécanique particulière qui accélère le mouvement des jambes.

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Quand la course à pied devient un vecteur posturo-dynamique pour la rééducation

Profession kiné n°44
Sept 2014 – Par Fred Brigaud

Au travers d’un exemple de pathologie simple, nous allons montrer l’utilité d’une analyse posturale globale permettant un travail rééducatif ciblé.

Mille coureurs, mille gestuelles. Sans être expert, en observant un coureur, nous sommes à même au premier regard de faire la différence entre un geste efficace ou inefficace. Avec plus d’attention, nous percevons chez certains coureurs des asymétries plus ou moins marquées, des mouvements que l’on pourrait qualifier de « parasites » car en inadéquation avec l’action menée venant, de ce fait, déstabiliser/altérer le mouvement et « l’alourdir». En observant de face les coureurs et en focalisant notre attention sur l’évolution de l’empilement des jambes à chaque foulée, il est possible de relever chez certains une absence ou une perte d’alignement, en ce sens que la jambe, au lieu d’être rectiligne, forme une ligne brisée, un phénomène qui s’accentue sous la contrainte et avec la fatigue. Est-ce une fatalité ? Est-ce viable ? Est-ce réductible ?

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Jouer à plus de 302 kmh. La pelote basque

Par Frédéric Brigaud
| Ultramag #6 – Juillet/Août 2014 |

Décryptage du geste technique d’engagement à la pelote basque (Place libre)

[extrait] La technique d’engagement en pelote basque est un geste sportif complexe qui met en évidence les interactions entre les différentes parties de notre corps. Sa décomposition nous permet de comprendre l’importance de la stratégie biomécanique dans n’importe quelle discipline, en vue de performer et de se préserver. La pelote basque, le Chistera, fait partie de ces disciplines dont nous avons déjà entendu parler, voire que nous avons pu observer lors de vacances passées sur la côte basque mais sans réellement y prêter plus d’attention que cela jusqu’au moment où un passionné, pratiquant et enseignant cette discipline à Paris depuis plusieurs années, vous demande d’explorer cette gestuelle pour un meilleur enseignement.

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Nous sommes tous des mutants

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Juillet/Aout 2014

Un rythme intense, un terrain varié, une course haletante. Un enchaînement de montées et de descentes sur des terrains plus ou moins en dévers. Comme surgies de nulle part, des roches barrent le chemin, nous forçant à changer rapidement de direction, à pivoter sur nos appuis, à faire des pas de côté. Le temps presse, un fauve affamé est à nos trousses. Les foulées se succèdent, l’adhérence doit être optimale, le pied doit épouser au mieux la surface sur laquelle il se pose, pas le temps de déraper.

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Minimalisme, barefoot, posture et course à pied

Barefoot runner n°3 – Juin 2014
Interview de Frédéric Brigaud réalisé par Rodolphe Bier Rodolphe Bier Coach professionnel d’Athétisme Journaliste pour le magazine Jogging International

S’affranchir de toute forme d’amorti ?

Aujourd’hui avec la mode du minimalisme, courir pieds nus et s’affranchir de toute forme d’amorti pour adopter une foulée plus efficace avec une pose avant-pied est présentée comme une solution miracle. Toutefois quelle est la durée minimum pour une adaptation durable et respectueuse de la biomécanique de chacun ?

C’est une vaste question qui requière une réflexion systémique. Quelques lignes ne seront pas suffisantes pour y répondre. Cependant, il me semble important de prime abord de resituer l’Homme dans son contexte et face à ses origines ; avoir conscience qu’il est soumis aux contraintes physiques liées à notre planète, qu’il est dépendant de son architecture et de son « entraînabilité » (capacité d’adaptation du corps face à l’entrainement). Il faut garder en tête que nous sommes, comme tous les êtres vivants sur terre, des mutants ; en ce sens que notre patrimoine génétique se modifie de façon « aléatoire » à chaque génération. Ce qui est imperceptible à l’échelle de la vie humaine ne l’est plus lorsque l’on compte en million d’années. L’Afarensis, un lointain parent, semblet-il, n’avait pas notre architecture et par conséquent pas la même biomécanique. De la même façon, regarder nos cousins les singes, s’ils sont bipèdes par moment, ils ne peuvent se déplacer à notre image car leur anatomie diffère de la nôtre générant une biomécanique spécifique (ou particulière). Nous sommes le fruit d’une lente évolution architecturale, je préfère dire le fruit de nombreuses mutations car depuis des millions d’années, chaque génération est soumise irrémédiablement aux contraintes du milieu naturel ; les plus adaptés survivent alors que les autres disparaissent. Ce sont ces mécanismes, énoncés succinctement, qui font de nous aujourd’hui ce que nous sommes, des êtres plus ou moins adaptés à la bipédie, à la marche, à la course.

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Pour marcher apprends à courir

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Mai/Juin 2014

En montagne ou dans les escaliers, la marche domine la course. A moins d’être un super crack, il vous faudra donc apprendre les techniques les plus efficaces pour grimper sans vous fatiguer. La technique de pose avant-pied préconisée pour la course à pied va vous être d’un grand secours dans cet apprentissage.

Tant que l’on n’a pas assisté à un ultra-trail ou couru soi-même ce genre d’épreuve, on pourrait croire que la majorité des ultratrailers courent en permanence tout au long du parcours, un peu à l’image des chevaux galopant sans arrêt dans les Westerns alors qu’ils ne peuvent tenir cette allure que sur de courtes distances. Mais à votre avis, combien de temps passe un coureur à marcher lors d’un ultra-trail ? Entre 40 et 55% du parcours en fonction de la distance. Pour certains le pourcentage dépasse même les 55%, alors que d’autres il est quasi nul – mais ils ne sont pas nombreux dans ce cas… Même si le pourcentage fluctue d’un coureur à l’autre, les raisons restent essentiellement les mêmes si on exclut les blessures. Il suffit de leur demander pour s’en rendre compte. Et voilà ce qu’ils vous répondront : « La part de marche augmente après 50 km de course. Sur la CCC©* (environ 101 km et 6100 m de dénivelé positif) je marche approximativement 40% du temps, dès que les montées ont un fort pourcentage ou quand elles sont longues. Sur le Trail des Aiguilles Rouges* (50 km pour 4000 m de dénivelé positif) je cours 50% du temps. Sur la Sierre Zinal* (32 km et 2200 m de dénivelé positif) je cours 70% du temps. Plus la course est longue, plus vite je passe à la marche, à l’inverse plus elle est courte et plus je me force à courir même dans les « montées raides ». Dans les trails inférieurs ou égaux à 30 km : on essaie de courir partout, même en montée (en pente douce) » explique le manager d’un Team. « Entre 30 et 80 km : on court essentiellement sur  le plat et en descente, les montées se font en marche rapide. Lors des ultra-trails, on court sur le plat, on cherche à maintenir un rythme régulier plutôt lent, idem dans les descentes et on marche dans les montées. Au-delà de 80 km et plus les kilomètres passent, on marche également de temps en temps sur le plat et en descente afin de se préserver ou tout simplement à cause de la fatigue. » « Globalement 40% de marche pour 60% de course. Je marche également lorsque le rendement semble le même que celui qui trottine sans pour autant aller plus vite que moi » relate ce coureur d’ultra-trail, également accompagnateur en moyenne montagne.

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Le football se joue avec les bras CR7

Dossier Ultramag #5 – Mail/Juin 2014
Décryptage du geste technique de Cristiano Ronaldo
Par Frédéric Brigaud.

Dossier traduit en Anglais (PLAY FOOTBALL WITH ARMS) et en Allemand (FUßBALL WIRD MIT DEN ARMEN GESPIELT)

Analyse et description de la stratégie biomécanique dynamique employée par Cristiano Ronaldo utilisant les bras et le buste pour accélérer et stabiliser sa gestuelle technique.

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Course minimaliste – Apprendre à courir responsable

JOGGING INTERNATIONAL N°354
Avril 2014 – Frédéric Brigaud – Entretien réalisé par Patricia Oudit

Le minimalisme fait débat. Frédéric Brigaud*, consultant en biomécanique et ostéopathe auprès des sportifs de haut niveau préfère parler d’appui avant-pied. Il nous explique pourquoi il faut s’y mettre.

Courir en appui avant-pied, c’est respecter son corps

Un test simple : pieds nu, sautez en vous réceptionnant sur vos talons. Maintenant que vous avez mal, faites la même chose mais en amortissant l’impact avec l’avant du pied. Vous comprendrez illico. Frédéric Brigaud le soutient : « si on vous retire vos chaussures et que vous devez courir sur un  terrain dur, vous courrez spontanément en prenant appui sur l’avant pied. C’est un souci de protection : l’homme ne supporte pas la douleur. Au niveau des pieds, il y a beaucoup de capteurs sensoriels : au gré des mutations, la sélection naturelle s’est portée sur les zones d’appui prioritaires. » Et au fil du temps, l’amorti des chaussures classiques a endormi nos perceptions, laissant au seul pied tout le sale boulot. «Alors qu’avec une prise d’appui avant-pied, qui est une interface neutralisant les dévers du terrain, le mollet et la cheville vont pouvoir entrer en action, enclencher les ischio-jambiers à chaque pas afin de retenir le tibia qui, ainsi, ne partira pas en avant. C’est nous qui gérons cette force de réaction au sol. On va vers une course responsable. On court avec conscience. »

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