Pourquoi modifier sa foulée ?

Par Frédéric Brigaud
Joggeur Magazine #19 – Mai Juin 2016

LA FOULÉE D’UN COUREUR KENYAN SE DISTINGUE PAR SON ATTAQUE DITE « AVANT-PIED », AU CONTRAIRE DE LA PLUPART DES OCCIDENTAUX QUI ATTAQUENT PAR LE TALON. Y A-T-IL UN INTÉRÊT À MODIFIER NOTRE FOULÉE POUR SE RAPPROCHER DE CEUX QUI GAGNENT DES MARATHONS ?

TU COURS TALON OU AVANT-PIED ? 

Une question qui nécessite souvent un temps de réflexion. Faites le test autour de vous pour vous en rendre compte, la réponse ne vient pas aussi spontanément qu’il pourrait sembler car beaucoup de coureurs ne savent pas quel type de foulée ils emploient. Ils chaussent leurs baskets et partent courir tout simplement, se souciant peu du reste. Pourtant, selon la technique utilisée, on gère différemment les contraintes liées à la pratique de la course à pied, à commencer par la force de réaction au sol. Quelques bonds sur place, pieds nus, qui s’effectuent spontanément sur l’avant-pied, permettent de ressentir très facilement qu’une telle prise d’appui nous assure une meilleure gestion de l’impact qu’une prise d’appui talon. À tel point que le simple fait d’imaginer se réceptionner sur les talons nous crispe, de peur d’avoir mal en raison de l’onde de choc douloureuse que cela produit, nous faisant atterrir brutalement sur le sol sans aucune maîtrise ou alors requérant une gestuelle très coûteuse énergétiquement et peu efficace (https://youtu.be/wkmAdoZQaAY).

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TRAIL ET MINIMALISME AU MAROC DANS LE HAUT ATLAS

Frédéric Brigaud, Ultramag.fr, Mai 2015

RÉCIT – TRAIL | 26 KM DANS L’OUKAIMEDEN AU PRINTEMPS

AU PRINTEMPS, LE MASSIF DOMINANT LA STATION DE SKI D’OUKAIMEDEN AU MAROC SE PRÊTE ADMIRABLEMENT À LA PRATIQUE DU TRAIL : C’EST L’OCCASION POUR FRÉDÉRIC BRIGAUD DE COURIR 26 KM SUR DES SENTIERS TECHNIQUES EN MODE MINIMALISTE.

Fin avril début mai, il ne reste que quelques névés sur les sommets dominant Oukaimeden, une des principales stations de ski du Maroc. Située dans le Haut Atlas, à 77 km de Marrakech, les températures y oscillent de 15 à 24°C à 2600 mètres d’altitude. Des kilomètres de sentiers techniques n’attendent qu’un pied volontaire pour se laisser fouler. Cette station devient alors le point de départ d’un terrain de jeu idéal pour les coureurs en préparation de l’Ultra-Trail Atlas Toubkal (UTAT) de fin septembre. Mais pourquoi ne pas les découvrir autrement, plus lentement et en mode minimaliste ?

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Prévention – Corriger le pied sans semelle

Entretien réalisé par Jean Daugignon
L’entraineur du ski alpin n°93 – mars 2015

Frédéric BRIGAUD, dont nous avons apprécié l’intervention lors de colloques organisés par l’AFESA , vient de publier un nouvel ouvrage “Corriger le pied sans semelle”. Il nous a paru intéressant de lui demander pourquoi et comment cette correction pouvait être utilisée par les skieurs de compétition.

Jean DAUDIGNON : Dans votre ouvrage vous abordez une nouvelle conception du fonctionnement du pied, est-elle utilisable par le skieur de compétition ?

Frédéric BRIGAUD : Au premier abord, le pied étant maintenu dans la chaussure de ski, pour ne pas dire emprisonné, sans possibilité de mouvement, nous pourrions effectivement croire que cela ne concerne pas le skieur de compétition. Bien au contraire, comme je l’évoquais dans un précédent article au sein de votre magazine (Diminuer le risque d’entorse consécutif à la pratique du ski alpin, Avril 2012) la chaussure de ski est semblable à une orthèse rigidifiant/bloquant/limitant certains mouvements qui, il faut le reconnaitre, s’ils n’étaient pas bloqués, rendraient difficile pour ne pas dire impossible la pratique du ski de compétition. Je parle ici notamment des mouvements permettant d’orienter le pied vers l’intérieur ou l’extérieur par rapport à la jambe (mouvements d’inversion/éversion), grâce à l’articulation sous-talienne (articulation qui se situe en dessous de la cheville, méconnue et trop souvent amalgamée à la cheville), et le mouvement de torsion entre l’avant-pied et l’arrière-pied (interligne articulaire de torsion), deux mouvements impossible à effectuer au sein d’une chaussure de ski. Si une chaussure rigide est nécessaire actuellement pour pratiquer efficacement le ski alpin, elle présente donc des inconvénients. Evoquons brièvement pour commencer l’impact d’un pied pronateur. Rappelons que, debout, la jambe droite en l’air, il est possible d’orienter le pied vers l’intérieur ou l’extérieur grâce à trois articulations distinctes, l’articulation sous-talienne que nous venons de mentionner, le genou grâce au mouvement de rotation (rotation du tibia sous le fémur) et la hanche (rotation de hanche) (fig.1). Dès lors, l’orientation de votre pied par rapport à votre bassin, élément essentiel dans la pratique du ski alpin, dépend de ces trois articulations ! Il est donc utile de bien discerner/déterminer l’origine du mouvement, l’origine de l’orientation du pied et donc du ski par rapport au bassin. Avoir les pieds parallèles ne veut pas dire que les autres segments le sont pour autant. D’un point de vue technique et biomécanique, si l’on souhaite maintenir les pieds parallèles, plus les pieds sont éversés par rapport au tibia, c’est-à-dire plus ils sont ouverts (orientés vers l’extérieur dans un mouvement d’éversion, articulation sous-talienne), plus il faudra produire une rotation interne de hanche pour compenser l’éversion (l’ouverture des pieds). Les genoux se trouvent donc par conséquence orientés vers l’intérieur pour parvenir à garder les pieds parallèles, faites le test. Dès lors, dans ce cas, tout un pan de la gestuelle du skieur est limité augmentant notamment les risques de produire davantage de torsion au sein de l’articulation du genou.

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L’entonnoir ! Apprendre à marcher/courir ou porter des orthèses

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Janv/Fev 2015

TECHNIQUE – COURSE À PIED | APPRENDRE À MARCHER OU COURIR AVEC DES ORTHÈSES ?
LA PRONATION ET DANS UNE MOINDRE MESURE LA SUPINATION SEMBLENT ÊTRE DES FATALITÉS : PRONATEUR TU ES, PRONATEUR TU RESTERAS. LES CHAUSSURES DE SPORT SONT ALORS CHOISIES EN CONSÉQUENCE, PALLIANT CE DÉFAUT. POURTANT, UNE PRONATION N’EST JAMAIS DUE QU’À UNE MAUVAISE « UTILISATION » DE NOS PIEDS. S’EN DÉBARRASSER EST POSSIBLE… ENCORE FAUT-IL EN ÊTRE CONSCIENT, ET LE VOULOIR.

Samedi matin, il est 9 h et je cours m’acheter une nouvelle paire de runnings dans un magasin qui propose d’analyser gratuitement ma foulée, et ainsi de mieux choisir mes futures chaussures, vidéos à l’appui. Je ne vous l’ai pas dit, mais je fais partie de la catégorie « pronateur », vous savez ceux qui ont les chevilles qui s’effondrent vers l’intérieur et qui ont cette tendance à courir les pieds ouverts. C’est comme ça, merci les parents.

La preuve par l’expérience

Me voilà donc sur un tapis de course sous l’œil d’une caméra qui filme ma foulée de dos, et plus précisément mes pieds. À peine suis-je descendu du tapis que je peux regarder ma prise d’appui au ralenti et observer avec consternation qu’aucun miracle ne s’est produit depuis la dernière fois, je suis toujours pronateur… mais je m’en doutais un peu, vu l’usure de mes chaussures.
Alors on me fait essayer un premier modèle que je teste immédiatement sur le tapis tout en étant de nouveau filmé ! Magnifique, mon pied ne s’effondre plus, ou nettement moins. C’est bon je les achète, comment refuser après une telle démonstration. Merci Descartes, une cause, un effet ! J’ai besoin de cette chaussure, mon corps la réclame ; mieux qu’un grigri.

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Prise en charge posturo-dynamique du coureur

Entetrien (Unrated version) – Ostéomag – Janvier 2015

Frédéric Brigaud, ostéopathe de formation, est auteur de « La course à pied – Posture, Biomécanique, Performance » dans lequel il décrit son concept d’empilement articulaire dynamique appliqué à la course. Il se définit aujourd’hui « consultant en biomécanique humaine » et nous présente sa prise en charge du coureur et son intérêt pour un travail actif d’éducation et de rééducation posturale et de correction de la gestuelle dans le mouvement. de la course à pied.

Vous vous êtes éloigné de la prise en charge ostéopathique classique, pourquoi? 

Ostéopathe auprès de sportifs de haut niveau, je me suis aperçu assez rapidement dans ma pratique qu’une prise en charge ostéopathique passive et la correction des dysfonctions articulaires sur table palliaient seulement pour un temps les déséquilibres articulaires et posturaux responsables d’une grande majorité des pathologies chez le sportif, sans les corriger réellement.

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Cristiano Ronaldo, la meilleure façon de courir

Slate.fr – Entretien réalisé par Yannick Cochennec
Entretien donné suite à la parution du dossier « Le football se joue avec les bras », Ultramag mai/juin 2014
12 janvier 2015

Extrait 
…Les bras du Portugais au moins aussi importants que ses pieds? C’est ce que pense également Frédéric Brigaud, ostéopathe, biomécanicien français qui travaille auprès d’athlètes de haut niveau et qui fera paraître deux livres dans les semaines à venir autour des problématiques du pied et de la foulée. «Le football se joue aussi avec les bras, ce que l’on a parfois tendance à oublier, et Cristiano Ronaldo le sait mieux que les autres, dit-il. Le lien qu’il a notamment créé entre le haut et le bas de son corps est rare, voire unique dans le football.» Ce lien si particulier pourrait se définir de la sorte selon Frédéric Brigaud: «Quand nous sommes en position de déséquilibre ou au point de nous casser la figure, nos bras servent à tenter de corriger ou d’amortir le déséquilibre qui est en train d’apparaître au niveau du bas du corps, eh bien Ronaldo va au-delà, précise-t-il. Il utilise son haut du corps non pas pour rétablir un déséquilibre, mais pour augmenter son équilibre et modifier ses appuis

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Agir ou laisser faire le hazard

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Oct/Nov 2014
TECHNIQUE – COURSE À PIED | TRAVAILLER LE GESTE TECHNIQUE
ATTEINDRE LA PERFECTION DU GESTE, JUSQU’À CE QU’IL DEVIENNE AUTOMATIQUE, S’APPREND ; EN LAISSANT DE CÔTÉ CETTE PARTIE DE L’ENTRAÎNEMENT, ET CE QUEL QUE SOIT LE SPORT PRATIQUÉ, ON RISQUE DE NE JAMAIS ATTEINDRE LE MAXIMUM DE SES CAPACITÉS.

Je cours, je prends appui et je frappe dans le ballon… But ! Sourire aux lèvres, je me retourne vers mon équipe et je jette un regard vers le public, cherchant des yeux mes parents, fier d’avoir marqué ce but décisif. J’ai 15 ans, je suis dans un centre de formation et je travaille dur. La semaine dernière, j’ai frappé pas moins de 100 coups francs en entraînement, le même geste répété des milliers de fois depuis 3 ans, et qui me permet aujourd’hui d’être très précis…

J’ai 14 ans, la saison de ski reprend dans deux mois, nous sommes en pleine préparation physique au sein du ski études. Aujourd’hui, séance de bondissements où nous franchissons des haies de différentes hauteurs. Je saute de plus en plus haut ! Ma détente verticale augmente, un bon point lorsque je slalomerai cet hiver…

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Le foot se joue aussi avec les bras – biomécanique Cristiano Ronaldo

Par Frédéric Brigaud
Sept – 2014 | Vestiaires Magazine

Accélérer sa gestuelle technique en employant le haut du corps
Prendre du recul,

A focaliser notre attention sur le ballon et les jambes lors d’un dribble on en oublie le reste du corps. Pourtant, lorsque l’on prend du recul et que l’on élargit le champ de vision jusqu’à englober l’ensemble du corps, on peut être surpris par la gestuelle de Cristiano Ronaldo qui diffère nettement de la plupart des autres joueurs, mobilisant davantage le haut du corps (amplitude, vélocité). Non pas qu’il balance ses bras dans tous les sens pour rattraper un déséquilibre momentané, bien au contraire, ses mouvements sont contrôlés, précis et rythmés. Ils font corps avec le buste, en ce sens qu’ils ne se départissent pas de celui-ci, ils l’accompagnent, favorisant/renforçant même son mouvement. Ceci n’est pas le fruit du hasard et a pour objectif d’enclencher une biomécanique particulière qui accélère le mouvement des jambes.

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Quand la course à pied devient un vecteur posturo-dynamique pour la rééducation

Profession kiné n°44
Sept 2014 – Par Fred Brigaud

Au travers d’un exemple de pathologie simple, nous allons montrer l’utilité d’une analyse posturale globale permettant un travail rééducatif ciblé.

Mille coureurs, mille gestuelles. Sans être expert, en observant un coureur, nous sommes à même au premier regard de faire la différence entre un geste efficace ou inefficace. Avec plus d’attention, nous percevons chez certains coureurs des asymétries plus ou moins marquées, des mouvements que l’on pourrait qualifier de « parasites » car en inadéquation avec l’action menée venant, de ce fait, déstabiliser/altérer le mouvement et « l’alourdir». En observant de face les coureurs et en focalisant notre attention sur l’évolution de l’empilement des jambes à chaque foulée, il est possible de relever chez certains une absence ou une perte d’alignement, en ce sens que la jambe, au lieu d’être rectiligne, forme une ligne brisée, un phénomène qui s’accentue sous la contrainte et avec la fatigue. Est-ce une fatalité ? Est-ce viable ? Est-ce réductible ?

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Jouer à plus de 302 kmh. La pelote basque

Par Frédéric Brigaud
| Ultramag #6 – Juillet/Août 2014 |

Décryptage du geste technique d’engagement à la pelote basque (Place libre)

[extrait] La technique d’engagement en pelote basque est un geste sportif complexe qui met en évidence les interactions entre les différentes parties de notre corps. Sa décomposition nous permet de comprendre l’importance de la stratégie biomécanique dans n’importe quelle discipline, en vue de performer et de se préserver. La pelote basque, le Chistera, fait partie de ces disciplines dont nous avons déjà entendu parler, voire que nous avons pu observer lors de vacances passées sur la côte basque mais sans réellement y prêter plus d’attention que cela jusqu’au moment où un passionné, pratiquant et enseignant cette discipline à Paris depuis plusieurs années, vous demande d’explorer cette gestuelle pour un meilleur enseignement.

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