Frédéric Brigaud, Ultramag.fr, Juin 2015
UNE VIRÉE À FLANCS DE MONTAGNE ET FONDS DE VALLÉE
RÉCIT – TRAIL | SUR LES TRACES DU 42 KM DE L’UTAT
UNE VIRÉE DE 42 KM SUR LES TRACES DE L’ULTRA-TRAIL ATLAS TOUBKAL, AU MAROC, C’EST L’OCCASION DE DÉCOUVRIR DES VALLÉES VERDOYANTES, DES COLS ARIDES, DE RENCONTRER DES MULETIERS ET DE SAVOURER L’INCOMPARABLE SOUPLESSE DES THUYAS.
Au cœur du parc national du Toubkal, au départ de la station de l’Oukaimeden (2620 m d’altitude), 42 kilomètres, 2600 mètres de dénivelé et 3 cols au-dessus de 3000 mètres semblent résumer le parcours que nous avons choisi d’effectuer. Cependant il serait réducteur de le présenter ainsi tant le lieu est riche.
30 mai 2015, 5 h 30. L’aube naissante découpe les montagnes entourant la station. Un faux-plat descendant en courbe nous amène au pied du premier col, Tizi n’Ouhattar, qui culmine à plus de 3000 mètres. Nous choisissons de suivre la route des muletiers (pointillés rouges sur la carte) et de couper ainsi droit dans la montagne. Dans la pénombre, depuis un hameau de bergeries parmi lesquelles s’échappent quelques volutes de fumée, un sentier étroit et rocailleux nous amène progressivement au sommet. Arrivés au col le soleil éclaire la vallée et ses villages que nous allons rejoindre. Nous ne sommes pas seuls, nous croisons deux muletiers partis se ravitailler à la station de l’Oukaimeden.
Nous pensions rallier le premier village, Agounss, rapidement, celui-ci paraissant proche. C’était sans compter un long sentier rocheux zigzaguant à flanc de montagne avant d’atteindre un terrain plus roulant. Après avoir erré un moment entre les maisons du village à la recherche de notre chemin, nous nous retrouvons au milieu des cultures en terrasse. Nous décidons alors de suivre les habitants qui circulent principalement dans les canaux d’irrigation qui serpentent entre les cultures et les maisons. N’imaginez pas un torrent mais plutôt un petit ruisseau étroit qui occupe le quart du chemin, mais parfois bien plus. Nous y croisons des écoliers, des fermiers, mais également vaches et moutons… Moralité : si vous êtes paumés, suivez le cours d’eau ! L’eau ainsi canalisée alimente les nombreuses cultures en terrasse semées d’orge qui ceinturent le village d’un vert éclatant. La moindre parcelle de terre est cultivée, jusqu’au plus proche des cours d’eau.
Après cet intermède la route reprend à flanc de montagne, pendant que sur l’autre versant plusieurs villages se succèdent. La descente se poursuit sur une route en terre carrossable, dans une vallée de plus en plus étroite, au milieu de thuyas au tronc toujours aussi tortueux. Après quelques kilomètres, alors que la vallée s’élargit, nous prenons un petit sentier sur la droite qui signe le début de la montée vers le prochain col qui culmine à 3260 mètres…
Sur la carte, la distance à parcourir semble être importante, ce sera le cas. Le sentier chemine le long de la montagne au-dessus d’une végétation plutôt abondante et verdoyante alimentée par un torrent. Il en sera ainsi jusqu’au dernier village, Labassene, qui nous sépare du col. Après nous avoir demandé où nous allions, un vieil habitant nous indique qu’il faut cinq heures de marche pour atteindre le village suivant… Il sait motiver ses troupes ! À peine le village franchi, toute végétation disparait, à croire qu’il fait office de frontière. Il ne reste que quelques thuyas épars pour égailler le paysage.
La température s’élève alors que nous prenons de l’altitude. Un peu plus bas sur notre gauche, la végétation qui entoure le torrent se résume à une étroite bande de verdure, quand celle-ci est encore présente. Progressivement le sentier se fait plus raide, à croire qu’il a été tracé par un mathématicien en mal de courbes sigmoïdes ! À notre grande joie la montagne s’arrondit enfin et le col de Tizi n’Tacheddirt apparait, encore entouré de quelques névés. Une fois franchi, la vallée suivante se dévoile, et nous sommes ravis de découvrir un nouveau paysage. Une vallée différente, plus large que la précédente avec au loin Tascheddirt et son ilot de verdure.
Un long sentier roulant principalement en terre nous amène jusqu’à ce village. Pas le temps de souffler, le sentier s’élève de nouveau. Reste alors un dernier col à franchir, celui de Tizi n’ou Addi à 2960 mètres. Un sentier rocheux, essentiellement droit dans la pente. Si vous avez des escaliers près de chez vous, oubliez l’ascenseur, cela aura le mérite de vous préparer pour cette dernière ascension. La montée est assez courte mais intense si l’on souhaite garder le rythme. Sur notre gauche s’étale la vallée d’Ikkiss que nous avons précédemment parcourue le mois dernier.
Arrivés au col, six kilomètres nous séparent de la station, notre point de départ. Nous savourons ces derniers kilomètres au fond d’une petite vallée fleurie à 2600 mètres d’altitude ; personne, pas un bruit, si ce n’est le chant des oiseaux et le coassement des grenouilles. Ainsi, au frais et au calme nous nous remémorons les différentes étapes de ce parcours ô combien riche.
Pour aller plus loin
- Tester et passer à une foulée avant-pied !
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