L’importance de la part technique dans la course à pied

Par Frédéric Brigaud. Consultant en biomécanique. Ambassadeur du programmme  »One More Step » de Scholl©
Santé sport magazine – Oct 2015

Se mettre à courir est chose aisée, mais courir efficacement est nettement plus complexe et plus subtile qu’il n’y parait.

A courir après le temps, l’attention focalisée sur le chronomètre, on en oublie que le résultat est la conséquence de la gestuelle mise en œuvre et qu’il ne suffit pas de mettre un pied devant l’autre pour être efficace. Illusionné probablement par le fait que le corps nous permet de courir presque n’importe comment. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer la multitude de foulées et de postures de course que peuvent adopter les coureurs lors d’un marathon. Pourtant, lors de tels évènements, nous sommes à même de différencier d’un simple coup d’œil le coureur efficace, survolant l’asphalte, du coureur lourd donnant l’impression de s’enfoncer dans le sol à chaque foulée. La qualité de la gestuelle et la capacité à la reproduire du début à la fin de l’épreuve font ici toute la différence.

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S’initier à la course avant-pied

Frédéric Brigaud – Entretien réalisé par Marie Paturel,
Jogging International n°373, 
oct 2015 – Extrait

La mouvance minimaliste prône une prise d’appui par l’avant du pied, gestuelle beaucoup plus naturelle d’après les partisans du barefoot. Mais attention, la transition vers ce type de foulée nécessite technique et progressivité.

«Il faut avoir conscience que courir avec une prise d’appui avant-pied sollicite différemment le corps et, de fait, requiert une tout autre musculature », expliqueFrédéric Brigaud, consultant en biomécanique humaine et sportive.Courir en prenant d’abord appui sur le talon ne permet pas unamortissement optimal : une forte onde de choc se propage depuis les talons jusqu’à la colonne vertébrale. A contrario, une prise d’appui avant-pied « permet d’atterrir en douceur grâce à l’utilisation du mollet, amortisseur naturel, et du pied comme bras de levier supplémentaire ».

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Adoptez la foulée parfaite

Frédéric Brigaud.
Entretien réalisé par Philippe Vogel
Runner’s World n°53 mai 2015

Courir plus efficacement en améliorant sa foulée et en modifiant durablement sa posture ? C’est possible et même facile, grâce à une nouvelle méthode d’analyse et de correction posturale.

Imaginez votre corps séparé verticalement en deux parties distinctes: le côté droit et le côté gauche. Lorsque nous courons sur un parcours plat, nous sommes censés reproduire spontanément des mouvements et une gestuelle parfaitement symétrique des deux côtés. «Mais en fait ce n’est presque jamais le cas», explique l’auteur de cette nouvelle méthode de correction des appuis. «Le balancement des bras, le pivotement du tronc, le temps de contact au sol entre le pied droit et le pied gauche sont rarement équivalents», ajoute Frédéric Brigaud, ostéopathe et spécialiste en biomécanique. Et à la longue, tous ces déséquilibres inconscients mais réguliers peuvent être source de blessures. La somme de toutes ces postures (épaule plus haute, tronc plus ou moins incliné ou tête penchée) pas toujours idéales pour le corps peut également influer sur les pressions au sein des différentes articulations, la symétrie des appuis et les tensions entre les différents muscles. Tous ces éléments sont souvent occultés alors qu’ils impactent pourtant l’organisme et le rendement du coureur, «ils jouent un rôle prédominant dans l’efficacité du geste et dans la recherche de la meilleure posture possible».

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Pourquoi modifier sa foulée ?

Par Frédéric Brigaud
Joggeur Magazine #19 – Mai Juin 2016

LA FOULÉE D’UN COUREUR KENYAN SE DISTINGUE PAR SON ATTAQUE DITE « AVANT-PIED », AU CONTRAIRE DE LA PLUPART DES OCCIDENTAUX QUI ATTAQUENT PAR LE TALON. Y A-T-IL UN INTÉRÊT À MODIFIER NOTRE FOULÉE POUR SE RAPPROCHER DE CEUX QUI GAGNENT DES MARATHONS ?

TU COURS TALON OU AVANT-PIED ? 

Une question qui nécessite souvent un temps de réflexion. Faites le test autour de vous pour vous en rendre compte, la réponse ne vient pas aussi spontanément qu’il pourrait sembler car beaucoup de coureurs ne savent pas quel type de foulée ils emploient. Ils chaussent leurs baskets et partent courir tout simplement, se souciant peu du reste. Pourtant, selon la technique utilisée, on gère différemment les contraintes liées à la pratique de la course à pied, à commencer par la force de réaction au sol. Quelques bonds sur place, pieds nus, qui s’effectuent spontanément sur l’avant-pied, permettent de ressentir très facilement qu’une telle prise d’appui nous assure une meilleure gestion de l’impact qu’une prise d’appui talon. À tel point que le simple fait d’imaginer se réceptionner sur les talons nous crispe, de peur d’avoir mal en raison de l’onde de choc douloureuse que cela produit, nous faisant atterrir brutalement sur le sol sans aucune maîtrise ou alors requérant une gestuelle très coûteuse énergétiquement et peu efficace (https://youtu.be/wkmAdoZQaAY).

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Minimalisme, barefoot, posture et course à pied

Barefoot runner n°3 – Juin 2014
Interview de Frédéric Brigaud réalisé par Rodolphe Bier Rodolphe Bier Coach professionnel d’Athétisme Journaliste pour le magazine Jogging International

S’affranchir de toute forme d’amorti ?

Aujourd’hui avec la mode du minimalisme, courir pieds nus et s’affranchir de toute forme d’amorti pour adopter une foulée plus efficace avec une pose avant-pied est présentée comme une solution miracle. Toutefois quelle est la durée minimum pour une adaptation durable et respectueuse de la biomécanique de chacun ?

C’est une vaste question qui requière une réflexion systémique. Quelques lignes ne seront pas suffisantes pour y répondre. Cependant, il me semble important de prime abord de resituer l’Homme dans son contexte et face à ses origines ; avoir conscience qu’il est soumis aux contraintes physiques liées à notre planète, qu’il est dépendant de son architecture et de son « entraînabilité » (capacité d’adaptation du corps face à l’entrainement). Il faut garder en tête que nous sommes, comme tous les êtres vivants sur terre, des mutants ; en ce sens que notre patrimoine génétique se modifie de façon « aléatoire » à chaque génération. Ce qui est imperceptible à l’échelle de la vie humaine ne l’est plus lorsque l’on compte en million d’années. L’Afarensis, un lointain parent, semblet-il, n’avait pas notre architecture et par conséquent pas la même biomécanique. De la même façon, regarder nos cousins les singes, s’ils sont bipèdes par moment, ils ne peuvent se déplacer à notre image car leur anatomie diffère de la nôtre générant une biomécanique spécifique (ou particulière). Nous sommes le fruit d’une lente évolution architecturale, je préfère dire le fruit de nombreuses mutations car depuis des millions d’années, chaque génération est soumise irrémédiablement aux contraintes du milieu naturel ; les plus adaptés survivent alors que les autres disparaissent. Ce sont ces mécanismes, énoncés succinctement, qui font de nous aujourd’hui ce que nous sommes, des êtres plus ou moins adaptés à la bipédie, à la marche, à la course.

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Pour marcher apprends à courir

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Mai/Juin 2014

En montagne ou dans les escaliers, la marche domine la course. A moins d’être un super crack, il vous faudra donc apprendre les techniques les plus efficaces pour grimper sans vous fatiguer. La technique de pose avant-pied préconisée pour la course à pied va vous être d’un grand secours dans cet apprentissage.

Tant que l’on n’a pas assisté à un ultra-trail ou couru soi-même ce genre d’épreuve, on pourrait croire que la majorité des ultratrailers courent en permanence tout au long du parcours, un peu à l’image des chevaux galopant sans arrêt dans les Westerns alors qu’ils ne peuvent tenir cette allure que sur de courtes distances. Mais à votre avis, combien de temps passe un coureur à marcher lors d’un ultra-trail ? Entre 40 et 55% du parcours en fonction de la distance. Pour certains le pourcentage dépasse même les 55%, alors que d’autres il est quasi nul – mais ils ne sont pas nombreux dans ce cas… Même si le pourcentage fluctue d’un coureur à l’autre, les raisons restent essentiellement les mêmes si on exclut les blessures. Il suffit de leur demander pour s’en rendre compte. Et voilà ce qu’ils vous répondront : « La part de marche augmente après 50 km de course. Sur la CCC©* (environ 101 km et 6100 m de dénivelé positif) je marche approximativement 40% du temps, dès que les montées ont un fort pourcentage ou quand elles sont longues. Sur le Trail des Aiguilles Rouges* (50 km pour 4000 m de dénivelé positif) je cours 50% du temps. Sur la Sierre Zinal* (32 km et 2200 m de dénivelé positif) je cours 70% du temps. Plus la course est longue, plus vite je passe à la marche, à l’inverse plus elle est courte et plus je me force à courir même dans les « montées raides ». Dans les trails inférieurs ou égaux à 30 km : on essaie de courir partout, même en montée (en pente douce) » explique le manager d’un Team. « Entre 30 et 80 km : on court essentiellement sur  le plat et en descente, les montées se font en marche rapide. Lors des ultra-trails, on court sur le plat, on cherche à maintenir un rythme régulier plutôt lent, idem dans les descentes et on marche dans les montées. Au-delà de 80 km et plus les kilomètres passent, on marche également de temps en temps sur le plat et en descente afin de se préserver ou tout simplement à cause de la fatigue. » « Globalement 40% de marche pour 60% de course. Je marche également lorsque le rendement semble le même que celui qui trottine sans pour autant aller plus vite que moi » relate ce coureur d’ultra-trail, également accompagnateur en moyenne montagne.

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Course minimaliste – Apprendre à courir responsable

JOGGING INTERNATIONAL N°354
Avril 2014 – Frédéric Brigaud – Entretien réalisé par Patricia Oudit

Le minimalisme fait débat. Frédéric Brigaud*, consultant en biomécanique et ostéopathe auprès des sportifs de haut niveau préfère parler d’appui avant-pied. Il nous explique pourquoi il faut s’y mettre.

Courir en appui avant-pied, c’est respecter son corps

Un test simple : pieds nu, sautez en vous réceptionnant sur vos talons. Maintenant que vous avez mal, faites la même chose mais en amortissant l’impact avec l’avant du pied. Vous comprendrez illico. Frédéric Brigaud le soutient : « si on vous retire vos chaussures et que vous devez courir sur un  terrain dur, vous courrez spontanément en prenant appui sur l’avant pied. C’est un souci de protection : l’homme ne supporte pas la douleur. Au niveau des pieds, il y a beaucoup de capteurs sensoriels : au gré des mutations, la sélection naturelle s’est portée sur les zones d’appui prioritaires. » Et au fil du temps, l’amorti des chaussures classiques a endormi nos perceptions, laissant au seul pied tout le sale boulot. «Alors qu’avec une prise d’appui avant-pied, qui est une interface neutralisant les dévers du terrain, le mollet et la cheville vont pouvoir entrer en action, enclencher les ischio-jambiers à chaque pas afin de retenir le tibia qui, ainsi, ne partira pas en avant. C’est nous qui gérons cette force de réaction au sol. On va vers une course responsable. On court avec conscience. »

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Pose ton avant-pied et tais-toi !

Ultra Mag – Sept|Oct 2013
Par Frédéric Brigaud.

Les chaussures de course à pied amortissent de mieux en mieux, c’est super. Par contre, elles modifient notre perception des chocs, et ça, c’est pas super. Elles nous incitent « à l’insu de notre plein gré » à courir sur les talons, avec une fausse impression de confort. Bien utilisé, la prise d’appui avant-pied permet d’enclencher un formidable système d’amortissement, et d’efficacité, adapté à tous les types de terrains, à toutes les allures, à tous les niveaux de pratique.

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Course à pied et prise d’appui avant-pied

Frédéric Brigaud.
Entretien – Prise d’appui avant-pied & Barefoot
MARS 2013 / BAREFOOTRUNNER

  • En course à pieds, doit-on prendre en considération la gestuelle du corps dans son ensemble et pas uniquement les pieds et les jambes ?
  • Doit-on y attacher encore plus d’importance quand on effectue la transition vers le minimalisme ?
  • Est-ce réellement possible de courir sans faire de bruit ?
  • Comment réduire les douleurs post efforts au niveau des mollets ?
  • Est-ce qu’il existe des contre-indications à la course pieds nus si on a  l’habitude de courir avec des orthèses et/ou des modèles anti-pronation / supination ?
  • Est-ce que le pied peut corriger de lui-même une mauvaise prise d’appuis et/ou une mauvaise posture ?
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Courir barefoot… ou pas ?

Frédéric Brigaud – Entretien

« Courir barefoot… ou pas ? » –
Runner’s World Magazine N° 32 – Nov/Déc 2012

Le barefoot et le minimalisme nous en parlons régulièrement dans nos colonne (RW) depuis plus d’un an… Nous avons soumis nos questions à trois spécialistes français. (Fred Brigaud, Jean Michel Samper et Fred Brossard).

  • Quels sont les atouts et les inconvénients que l’on peut trouver dans le fait de courir pieds nus ?
  • Dans les dernières années, Pose Running et le Chi running ont fait beaucoup parler d’eux dans le cercle des coureurs. Au tour maintenant du barefoot, dont tous s’accordent pour reconnaitre le fait qu’il favorise les appuis sur le devant du pied. Avez-vous rencontré des coureurs pour qui cela est important ?
  • Théoriquement courir pieds nus devrait rendre plus rapide puisque les pieds ne soulèvent aucun poids. En avez-vous fait le constat ?
  • Certains avancent que les chaussures ne préviennent pas vraiment les blessures et que courir pieds nus serait la solution. Qu’en pensez-vous ?
  • Les lecteurs voudront sans doute essayer le barefoot. Avez-vous quelques conseils pour bien débuter ?
  • Pensez-vous que l’engouement autour du barefoot soit passager ou qu’il va continuer à croître ?
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