Faut-il corriger un pied pronateur ?

La victoire de Joshua Cheptegei, athlète spécialiste des courses de fond et recordman du 10000m en 2020, qui présente des pieds ‘’pronateurs’’, peut nous amener à nous interroger sur l’utilité ou non d’améliorer la statique et la dynamique des pieds.

Une mécanique défaillante

Un pied dynamique dépend du contrôle du mouvement de flexion/extension de la cheville mais également de notre capacité à canaliser ce mouvement. Plus le pied reste dans l’axe de la jambe, plus le rebond est efficace. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la canalisation du mouvement ne dépend pas de la cheville mais des articulations sous-jacentes ; l’articulation sous-talienne, l’Interligne Articulaire de Chopart (IAC) et l’Interligne Articulaire de Torsion (IAT). Chez Joshua, ces différentes articulations ne sont pas maintenues, ses pieds ne sont ni gainés ni équilibrés. Certains pourraient y voir un mécanisme d’amortissement à l’image de la cheville qui fléchit lors de la prise d’appui pour amortir une partie de la force de réaction au sol. Cependant dans son cas, durant la phase d’appui, le pied s’écrase sans jamais revenir à son point d’équilibre. Les muscles qui contrôlent les différentes articulations précédemment citées sont inopérants, ils n’emmagasinent pas l’énergie mécanique et ne se contractent pas. Au lieu d’exercer une poussée sur une structure solide, élastique, c’est-à-dire un pied dont l’architecture est maintenue et réactive, celle-ci s’exerce sur une structure molle faiblement réactive.

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Performer ou progresser ! – Ondra vs Honnold

 ‘’Le Free Solo c’est comme viser un exploit athlétique pour remporter la médaille d’or olympique, sauf que si on n’y parvient pas on meurt’’ explique Tommy Caldwell dans le reportage qui retrace l’ascension d’El Capitan par Alex Honnold. Certains voient en Alex Honnold un inconscient, voire un suicidaire, tandis que d’autres le voient comme quelqu’un de très réfléchi. Si une telle ascension nous semble totalement démesurée, c’est surtout parce que nous évaluons sa faisabilité à travers nos propres capacités, nos propres peurs ; ce qui est une erreur de point de vue, sauf si nous souhaitons déterminer le gap physique, technique et mental qui nous sépare d’une telle maitrise. Jean d’Ormesson aurait peut-être dit d’Honnold qu’il est optimiste puisque selon lui ‘’L’optimiste c’est celui qui fait ses mots croisés au stylo’’. Mais cette définition ne convient pas non plus.

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Trail et Bâtons, l’impact sur la bipédie !

Je suis tout sauf un adepte des bâtons et pourtant ce jour là ils m’ont permis d’aller jusqu’au bout.

La veille de l’ascension du Toubkal j’ai pris un coup de chaud, et commencé à en ressentir les symptômes alors que nous franchissions le dernier col de la journée, le Tizi n’Terhalaine à 3300m d’altitude. Pas de chance car, lorsque nous sommes arrivés au campement après une descente en plein soleil, il était à peine 13h, et la température allait continuer d’augmenter. Il n’y avait pas d’arbres, pas d’ombre, juste quelques scorpions jaunes dont il fallait éviter les piqûres, le soleil ne passerait derrière les montagnes qu’après 19h. Rien pour rafraîchir mon corps en dehors d’une minuscule source d’eau qui coule au milieu de nulle part et qui me permet tout de même de placer une poche d’eau froide alternativement sous les aisselles et sur le front. Mais c’est insuffisant pour m’être réellement bénéfique. Il me faudra donc attendre.

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Echauffement et gainage en appui bipodal – Newtball

Retrouvez dans cette vidéo 3 exercices simples qui activent et homogénéisent le gainage global du corps dans les 3 plans de l’espace pour améliorer l’équilibre, la stabilité et la posture. Des exercices à mettre en œuvre dans le cadre d’un échauffement ou d’une préparation physique générale (Newtball, Escalade, Ski alpin, Karaté, Football,…). Les contraintes générées par le mouvement alterné des bras se propagent jusqu’aux pieds, et nécessitent un gainage du buste, du bassin, des jambes et des pieds.

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Corriger la posture et les instabilités articulaires – A paraître le 19 mars

Réveiller et exploiter pleinement les ressources biomécaniques qui sont en nous. Retrouver une dynamique corporelle plus proche de son meilleur potentiel.

J’ai débuté cette réflexion à la fin des années 90 pour répondre aux dysfonctions de l’appareil locomoteur chez le sportif de haut niveau qui apparaissaient sans notion de choc direct et que l’arsenal thérapeutique ostéopathique ne parvenait pas à résoudre durablement. Des dysfonctions pouvant être à l’origine d’un syndrome fémoro-patélaire, d’une atteinte méniscale ou ligamentaire par exemple, ou encore d’instabilités articulaires. Des dysfonctions qui se sont révélées provenir de défauts techniques et posturaux au sein de la gestuelle. Je ne parle pas ici des défauts techniques que relèvent et corrigent l’entraîneur spécialisé mais des défauts d’organisation du corps, c’est à dire dans le positionnement des articulations (les unes par rapport aux autres) et dans leur maintien. Des défauts qui n’empêchent pas le déroulement du geste mais qui modifient la répartition de la pression à l’intérieur des articulations, la tension au niveau du système péri-articulaire et le positionnement des surfaces articulaires qui composent ces articulations. De plus, ces défauts posturo-dynamiques altèrent globalement la circulation des contraintes dans le corps, qu’il soit statique ou en mouvement, et génèrent des zones d’hypertension et d’hyperpression, affectant par ailleurs l’efficacité du geste technique sportif.

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Comment l’amorti déstructure nos appuis !

Au hasard d’une expérience

 Greg, coureur avant-pied tout terrain aguerri, habitué à courir avec des chaussures de type barefoot, chausse exceptionnellement lors d’une sortie sur route une paire de running rigide comportant une semelle amortissante de 9mm sans drop. Des chaussures qu’un distributeur lui a proposé de tester afin d’avoir son avis. A la fin de la session, après une heure de course, il se déchausse et marche pieds nus sur le bitume. Il ressent instantanément un changement dans ses appuis. La répartition de la pression sous ses pieds est différente,comme s’ils avaient changé de forme durant la sortie. Des tensions musculaires inhabituelles parcourent également ses pieds. Ce n’est qu’après quelques minutes de marche pieds nus que la pression exercée par le pied sur le sol s’homogénéise et que les tensions disparaissent. Curieux par nature, Greg reproduit l’expérience pour constater à chaque fois le même phénomène alors qu’il n’en est rien lorsqu’il court pieds nus ou avec des chaussures de type barefoot (chaussures qui comportent une semelle très fine, souple, sans drop et aucun amorti). Comment s’explique mécaniquement cette évolution du pied ?

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L’impact des défauts de posture

Magazine Joggeur n°27 – Par Frédéric Brigaud

Ces invisibles qui nous gouvernent !

Percevoir l’impact d’un défaut de posture ou de course que nous avons automatisé est peut-être la chose la plus difficile, illusionnés par la fluidité de nos automatismes et l’inconfort que génère tout changement. Nous sommes à même de percevoir l’apparition d’une pression soudaine et inattendue sur notre peau alors que nous ne décelons plus la montre que l’on porte au poignet. La pression qu’elle exerce sur notre peau et ses déplacements dans nos gestes usuels font partie de nous et ne sont plus détectés, sauf si ceux-ci devaient évoluer de façon inhabituelle. Dans un processus d’habituation, les lentes évolutions, ou parfois brutales suite à une entorse par exemple, de notre posture et de nos gestes s’inscrivent en nous, nous métamorphosent et deviennent imperceptibles, qu’elles soient plus ou moins efficaces ou coûteuses énergétiquement en raison des compensations qu’elles génèrent.

Le chemin inverse pour retrouver l’équilibre est perceptible, voire inconfortable, car il bouscule brutalement nos automatismes, notre soit disant ‘’naturel’’, produisant des tensions inhabituelles. Il requière un temps d’adaptation jusqu’à ce qu’on l’intègre, jusqu’à ce que ce nouvel ordonnancement fasse parti de nous. Retenons que le corps est capable de fonctionner en présentant dans sa gestuelle et sa posture de nombreuses imperfections et pourtant sembler ‘’performer’’. Nous nous déplaçons alors avec un lot de compensations sans en avoir conscience car faisant parties intégrantes de notre schéma corporel.

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Améliorer sa posture et le gainage en s’amusant !

Le Newtball© est un jeu de balle qui se joue avec la main. Il oppose deux ou quatre joueurs. Le but du jeu est de réceptionner et de relancer une balle lestée (400g ou 900g env.) dans le camp adverse sans la frapper, indifféremment avec la main droite ou la main gauche, de telle sorte que l’adversaire ne puisse la relancer dans les limites du terrain, soit en mettant l’adversaire hors de portée de la balle, soit en l’obligeant à commettre une faute.

Plus qu’un jeu, une manière de construire son corps et renforcer sa posture !

Téléchargez au format PDF les règles, les modalités, le mode de fonctionnement et les effets du jeu, un complément de l’ouvrage « Améliorer sa posture » via le site dédié au jeu Newtball.com

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Pour s’améliorer en descente la course ne suffit pas – Germain Grangier

Pour s’améliorer en descente la course ne suffit pas
Ultramag – Par Frédéric Brigaud.

ENTRETIEN – TRAIL-RUNNING | GERMAIN GRANGIER EN FIN DE SAISON
GERMAIN GRANGIER TERMINE LA SAISON 2015-2016 EN REMPORTANT LA GARMIN MOURNES SKYLINE MTR FINALE DU CIRCUIT SKYRUNNING UK EN IRLANDE (35 KM ET 3500 M D+).

C’est dans un café au cœur de Paris que nous nous retrouvons pour parler de la saison passée et à venir, de l’orientation de son travail et de toute l’importance qu’il porte au repos entre deux saisons comme il nous l’explique : « Je m’impose un arrêt complet d’un mois. Un arrêt complet physique et mental, mais pas intellectuel car je continue à réfléchir et à parler avec les gens qui m’entourent », dit-il avec le sourire. « Une coupure afin de me régénérer car je conçois le sport comme sport santé » précise-t-il songeant à ceux qui se ruinent la santé dans la pratique du sport. Il insiste en disant qu’il a une vision à long terme et non pas jour après jour, course après course. « Je veux perdurer. Je fais cette coupure d’un mois depuis maintenant près de 5 ans. » Alors qu’autour de lui les autres coureurs s’arrêtent généralement une semaine, 15 jours mais guère plus. « J’ai vraiment besoin de cette coupure pour faire autre chose, voir autre chose, pour retrouver de l’envie et de la motivation » nous explique-t-il. À l’inverse de ce que l’on pourrait croire au premier abord, il ne repart pas à zéro ou affaibli, bien au contraire….

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Passer du Marathon au Trail

Par Frédéric Brigaud.
Joggeur n°23 – nov/dec 2016 –

PASSER DE LA COURSE SUR ROUTE AU TRAIL DEMANDE DES APTITUDES DIFFÉRENTES. CELA NÉCESSITE-T-IL UNE APPROCHE ET UNE PRÉPARATION PHYSIQUE PARTICULIÈRES ? ÉTUDE ET CONSEIL D’UN POINT DE VUE ANATOMIQUE ET POSTURAL.

Est-ce vraiment différent ? Cela nécessite-t-il une approche et une préparation physique particulières ?

Dans un souci d’efficacité le marathonien, ou plus simplement le coureur sur route, cherche inlassablement à reproduire une gestuelle identique et efficace tout au long du parcours ; longueur de la foulée, balancement des bras, allure, cadence (nombre de pas par minute). Cette capacité à reproduire un geste technique identique est, dans ce cadre, essentielle si l’on souhaite performer. Des paramètres qui évoluent faiblement tout au long de la course, pour peu que le coureur se soit suffisamment entrainé. Cependant, avec la fatigue ou le manque d’entrainement, certains coureurs ne parviennent pas, ou difficilement, à être réguliers et à maintenir des constantes techniques optimales. A l’image des constantes physiologiques dont les valeurs nous permettent de jauger l’état de santé d’une personne, nous pouvons parler des constantes techniques du marathonien dont dépendent ses résultats, le résultat n’étant qu’une conséquence.

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