Par Frédéric Brigaud.
Janvier 2011
ks le mag n°8
Un sportif de haut niveau vient vous consulter au cours de sa saison suite à une entorse du ligament latéral interne du genou gauche, pourquoi vous ? Parce que vous avez bonne presse. Il se place sur la table et attend que vous réalisiez un miracle car il a une compétition importante dans une semaine et son entraîneur souhaite qu’il soit présent… Vous avez 40 minutes devant vous. Il est sportif de haut niveau depuis 15 ans et s’entraine 20 heures par semaine sans compter les compétitions. Sa vie c’est le sport, le sport et le sport… Vous regardez son genou, visualisez son ligament latéral interne et passez en revu l’arsenal thérapeutique à votre disposition afin de choisir le protocole le mieux adapté à la situation. Au bout de 40 minutes vous avez terminé votre séance plutôt satisfait du résultat et il s’en va. Il ne sait pas précisément ce que vous lui avez fait, a plus ou moins bien interprété ce qu’il ne doit pas faire et le temps que cela prendra… De votre côté vous ne savez pas s’il va suivre vos conseils, ne sachant pas précisément son niveau de connaissance de ce type de pathologie et de ce que cela implique. Vous ne savez pas non plus ce que l’entraîneur va lui demander, comment il compose ses entraînements, quels exercices il va mettre en place… Par contre ce dont vous êtes certain c’est que s’il ne guérit pas rapidement il va vous téléphoner.
Lier l’ensemble des compétences
Voilà à quoi se résume dans la majorité des cas la relation sportif/monde médical, des compétences mis bout à bout sans aucun lien. Une absence de communication, une absence de circulation de l’information entre les différents intervenants. Sans omettre que chacun dans son domaine pense qu’il détient à lui seul la solution alors qu’il n’a qu’une vision très parcellaire du sportif.
Le suivi du sportif de demain passe par la pluridisciplinarité. La pluridisciplinarité, ce n’est pas rassembler un ensemble de professionnels, aussi éminents soient-il autour d’un sportif, mais c’est rendre la communication possible entre eux. Leur faire comprendre que leurs compétences se recoupent, que leur profession, leur champ d’action n’est pas une frontière que le voisin ne doit pas franchir, mais qu’ils sont complémentaires.
Les exercices mis en place par le kinésithérapeute ne ressemblent-ils pas aux exercices que met en place le préparateur physique… ou l’entraîneur, même si les exigences ne sont pas les mêmes selon les uns et les autres. Pour un sportif en retour de blessure, les observables, les exigences du kinésithérapeute ne devraient-ils pas être pris en compte par le préparateur physique afin qu’il soit certain de ne pas dépasser les capacités physiques de l’athlète du moment. L’entraîneur ne devrait-il pas être également conscient de ses limites. Le kinésithérapeute ne devrait-il pas composer sa rééducation en utilisant un panel d’exercices spécifiques habituellement mis en place par l’entraîneur ou le préparateur physique…
Le suivi
Le suivi d’un sportif nécessite des connaissances qui vont au delà du cursus habituel de chaque profession. Le corporatisme professionnel fait plus de mal que de bien. S’il valide un certain type et niveau de connaissance il fige l’action et la réflexion de ses membres. Une situation m’a particulièrement marquée : un entraîneur inquiet de comprendre qu’il pouvait être responsable de l’apparition de pathologies s’il ne tenait pas compte d’un certain nombre d’observables qu’il qualifiait de médical, souhaitait pouvoir ne rien changer à sa façon d’encadrer en proclamant qu’il n’était pas médecin. Il préférait ainsi limiter son niveau de connaissance et se sentir libre mais pas moins irresponsable… Ou encore, dans un autre registre, un médecin demandant à un Ostéopathe de lui expliquer le traitement qu’il avait mis en place, reçut une lettre incompréhensible, l’Ostéopathe ayant employé un jargon que seule sa profession utilise. Des exemples de ce type il en existe des milliers.
Transmettre l’information
La circulation d’une information complète, compréhensible et maîtrisée par chaque intervenant encadrant le sportif est fondamentale. Cela nécessite une mise à niveau des connaissances et accepter que l’action de chacun détermine le devenir du sportif. Le suivi médico-sportif est semblable à un organisme vivant dont chaque élément représente un organe, où tous les organes sont vitaux et ne peuvent survivre et fonctionner sans que l’information circule correctement entre eux. Toute ignorance, incompréhension, rétention ou limitation d’information est nuisible.
Cela sous-entend que le sportif doit être formé et pas seulement informé. Il est tout aussi responsable et ce n’est pas parce qu’il est bien entouré que cela le dédouane de ses comportements. Ce n’est pas non plus un bout de viande que le staff se renvoie. Il doit être responsabilisé, poussé à l’autogestion, devenir acteur, les éléments de son staff restant de simples metteurs en scène. Il ne nous est pas possible de se mettre à sa place. C’est pourquoi le sportif doit acquérir de nouvelles compétences autres que les capacités physiques classiquement dévolues à la discipline.
Si le kinésithérapeute ne transmet pas suffisamment d’informations, d’observables directement exploitables par le sportif lors de la reprise de l’activité, le risque de récidive sera important. La prévention est synonyme de partage de connaissances, de circulation de l’information… en aucun cas cela ne doit être la propriété d’un seul individu.
Auto-gestion
Mais est-ce que les membres du staff sont d’accord de lâcher du pouvoir ? Transmettre au sportif du savoir, du savoir faire, ne plus réfléchir à sa place mais le guider dans sa réflexion… ne pas le rendre dépendant mais indépendant.
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