Cette approche fonctionnelle du corps a débuté à la fin des années 90 pour répondre aux dysfonctions de l’appareil locomoteur chez le sportif de haut niveau qui apparaissaient sans notion de choc direct et que l’arsenal thérapeutique ostéopathique ne parvenait pas à résoudre durablement. Des dysfonctions pouvant être à l’origine d’un syndrome fémoro-patéllaire, d’une atteinte méniscale ou ligamentaire par exemple, ou encore d’instabilités articulaires. Des dysfonctions qui se sont révélées provenir de défauts techniques et posturaux au sein de la gestuelle. Nous ne parlons pas ici des défauts techniques que relèvent et corrigent l’entraîneur spécialisé mais des défauts d’organisation du corps, c’est à dire dans le positionnement des articulations (les unes par rapport aux autres) et dans leur maintien. Des défauts qui n’empêchent pas le déroulement du geste mais qui modifient la répartition de la pression à l’intérieur des articulations, la tension au niveau du système péri-articulaire et le positionnement des surfaces articulaires qui composent ces articulations. De plus, ces défauts posturo-dynamiques altèrent globalement la circulation des contraintes dans le corps, qu’il soit statique ou en mouvement, et génèrent des zones d’hypertension et d’hyperpression, affectant par ailleurs l’efficacité du geste technique sportif.
Libérer nos ressources biomécaniques
La difficulté à ressentir et déceler de tels mécanismes provient du fait qu’ils ne sont perceptibles qu’à partir du moment où ils ne peuvent plus être compensés et qu’une pathologie apparait. Le sport de haut niveau a été un révélateur de ces dysfonctions en raison de l’intensité de la pratique, de la répétitivité du geste et de la fréquence des entraînements qui n’autorisent pas ou peu la présence de défauts de cet ordre. Surtout dans la pratique du ski alpin, du free-style (anciennement ski de bosses) et du snowboard alpin où le matériel (chaussures de ski, ski et snowboard) bloque nombres d’articulation et limite les ressources biomécaniques, c’est-à-dire les mécanismes qui sont en mesure de nous assurer une variabilité et une adaptabilité posturale. Ce qui est encore différent dans la pratique de la marche et de la course pour laquelle nous sommes pleinement adaptées et où nous pouvons bénéficier de toutes nos ressources adaptatives nous donnant l’illusion d’un certain équilibre. Restait alors à mettre en exergue ces défauts avant qu’une pathologie ne se déclare grâce à des tests posturo-dynamiques simples et reproductibles, employant un minimum de matériel pour que cela soit accessible au plus grand nombre, puis de travailler sur la part technique du geste en employant des exercices simples pour faire évoluer le comportement du corps.
De la thérapeutique à l’éducation corporelle
Si l’approche était dans un premier temps purement thérapeutique, elle est devenue rapidement préventive pour déceler les sujets à risque et permettre aux sportifs de prendre conscience de ses limites du moment et comprendre comment elles impactaient ses performances et son organisme. Le sportif savait où il se situait, vers quoi il pouvait tendre, et les moyens à sa disposition pour y parvenir.
Progressivement, cette réflexion m’a amené à mieux cerner une évidence, le fait qu’en libérant et en équilibrant nos ressources biomécaniques nous nous donnions les moyens de développer une dynamique corporelle fonctionnant à son meilleur potentiel. C’est-à-dire un corps plus à même d’agir et de réagir efficacement, et davantage d’aisance du quotidien à la pratique sportive. Une approche jouant sur la part technique et mécanique du geste répétitif accessible à toutes et à tous qu’il soit sportif ou non dans un souci de santé et de bien-être.