Quand la course n’est que le milieu de parcours

Par Frédéric Brigaud. Ultramag
PORTRAIT | OMAR BOURIM DANS LE CADRE DE L’UTAT AU MAROC
OMAR BOURIM, UN MAROCAIN À L’AIR DE RIEN MAIS QUI VOUE UNE PASSION POUR LA COURSE À PIED, ACTIVITÉ POUR LAQUELLE IL A « QUELQUES » APTITUDES…

Ni booster, ni gel nutritif, ni chaussures dernier cri, mais une vieille paire trop grande pour lui et pourtant… Omar Bourim, la quarantaine, originaire de Amsouzarte (1740 mètres d’altitude, un village situé au sud-est du Toubkal (Toubkal qui culmine à 4167 mètres)) termine à la 6e place du 105 km de l’UTAT, seulement 9 minutes après Christophe Le Saux.

Lors de la précédente édition, en 2015, alors qu’il est également inscrit sur le 105 km, il arrive à pied la veille du départ après avoir parcouru d’une traite les 80 km qui séparent la station de l’Oukaimeden de son village, en alternant marche et course. Une histoire qu’il nous faut vous relater car en trois jours il va parcourir 265 km et terminer à la 3e place avec un temps de 15 h 32 mn.

La veille du départ, après avoir donc parcouru 80 km et trouvé une personne pour l’héberger, il s’endort rapidement. Cependant, le lendemain matin à son réveil la course est déjà lancée, et ce depuis 30 minutes ! Pour une simple raison, sa montre n’est pas à l’heure car le passage à l’heure d’été ou à l’heure d’hiver n’est pas toujours respectée dans les villages reculés du Maroc. Alors pour rattraper son retard il court les 20 premiers kilomètres très rapidement, « à fond » précise-t-il avec le sourire ; 20 kilomètres qui comportent un col à plus de 3000 mètres (le col de Tizi Agouns). Mais ne pouvant tenir un tel rythme il lève le pied et alterne 20 mn de course à un rythme modéré et 20 mn à un rythme plus soutenu. Après 35 km, ayant récupéré,  il augmente de nouveau le rythme ce qui lui permet de remonter progressivement le peloton, passant ainsi de la dernière à la troisième place dès le PC 10, (cf. carte) classement qu’il gardera jusqu’à l’arrivée.

Comme si cela ne suffisait pas

Le soir même, juste après la course, il repart à pied et parcourt dans l’autre sens les 80 km qui le séparent de chez lui, n’ayant pas suffisamment d’argent pour rentrer en bus. Avant de partir, il achète pour 30 dirhams de nourriture (3 €) et pour ne pas se charger inutilement va boire l’eau des rivières.

Pas de plan d’entrainement, mais une pratique régulière

Serveur deux à trois mois par an dans un restaurant à Casablanca, il passe le reste du temps chez lui dans les montagnes. Ses entrainements se résument à 2 à 3 heures de course à pied quatre fois par semaine le soir après le travail (après 21 h) lorsqu’il séjourne à Casablanca.  Le reste du temps, chez lui, il court 1 à 2 h par jour, et 12 h en continu tous les quinze jours, parcourant ainsi 80 km et 3-4000 mètres de dénivelé. Il court depuis l’âge de 15 ans des cross, des semi-marathons, et des marathons (2 h 30 au marathon de Marrakech). Il voue une véritable passion pour la course à pied et n’a qu’un souhait, un véritable rêve : courir une course en Europe ! Plus raisonnable cette année, Omar a dormi après la course avant de rentrer à pied chez lui et parcourir de nouveau 80 km…

Merci à Hamid Lemasra pour son rôle de traducteur.
Photos : Fred Brigaud

Pour aller plus loin
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