Courir dans le sable

Frédéric Brigaud – Entretien Par Philippe Vogel.

Courir sur la plage ne consiste pas seulement à profiter d’une belle séance au bord de l’eau, l’exercice est également très bénéfique, à condition d’être prudent.

…TOUS LES COUREURS en ont fait l’expérience, courir dans le sable est bien plus difficile que sur un terrain dur et homogène. « Sur ce type de sol lors de la prise d’appui, durant la phase d’amortissement, notre système musculaire absorbe la force de réaction au sol pour la restituer ensuite, participant ainsi activement au déplacement. À l’inverse, dans le sable, une partie de cette force est amortie par cette surface meuble, et donc perdue. S’ajoute à cela que l’appui est fuyant lors de la poussée. Le coureur doit donc s’adapter en réalisant un effort musculaire supplémentaire. Plus le terrain est meuble plus nous devons relancer le mouvement à chaque foulée et, par conséquent, dépenser plus d’énergie », explique Fréderic Brigaud, ostéopathe et auteur de plusieurs livres sur la foulée avant-pied. Mais dans tous les cas, « courir sur des surfaces différentes et plus amortissantes va vous permettre d’adapter votre course, car le bitume ne devrait pas être toujours le seul terrain d’entraînement »…

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COURIR LE MAROC ! OBJECTIF 30 MARATHONS, 30 JOURS, 30 VILLES…

Frédéric Brigaud, Ultramag.fr, Juin 2015

SPORT – COURSE A PIED | DÉFI

C’EST LE DÉFI QUE SOUHAITE RELEVER DURANT LE MOIS DE SEPTEMBRE TARIK EL MLIH, COUREUR AMATEUR ÂGÉ DE 39 ANS. UN AMATEUR TRÈS PROFESSIONNEL, PASSIONNÉ PAR LA NOTION DE SPORT/SANTÉ. RENCONTRE AU CŒUR DE CASABLANCA À UN MOIS DE SON CHALLENGE.

D’une démarche franche et dynamique, le corps affuté et le sourire aux lèvres, il me sert la main avec douceur et fermeté. Sitôt assis, une première question me vient spontanément et qui ne saurait vous surprendre… « Face à un tel défi, quelle technique de prise d’appui emploies-tu ? » Sans détour il répond : « Une prise d’appui avant-pied », comme une évidence.

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MIRA RAI, L’ULTRA-TRAILEUSE NÉPALAISE À LA DÉMARCHE AVANT-PIED DOUCE ET FEUTRÉE

Par Frédéric Brigaud.- Frédéric Brigaud, Ultramag.fr, Juin 2015

TECHNIQUE – COURSE À PIED | DÉCRYPTAGE D’UNE FOULÉE AVANT-PIED
MIRA RAI, NÉPALAISE, ÂGÉE DE 24 ANS, A RÉCEMMENT REMPORTÉ LES 80KM DU MARATHON DU MONT-BLANC (JUIN 2015). SON SIGNE PARTICULIER, COURIR ET MARCHER AVANT-PIED ! UNE RENCONTRE AU PIED DE L’AIGUILLE DU MIDI AU-DESSUS DE CHAMONIX AUTOUR DE DEUX CHOCOLATS CHAUDS ET D’UN CAFÉ. PEUT-ÊTRE EST-CE LÀ QUE RÉSIDE LE SECRET DE SON DYNAMISME ?! RETOUR SUR LA FOULÉE D’UNE TRAILEUSE.

Une démarche différente

En marchant en direction du téléphérique de l’Aiguille en compagnie de Mira Rai et de Dawa Dachhiri Sherpa, je suis alors interpellé, probablement inconsciemment au départ, par le bruit que font les pas de Mira et l’élasticité de sa démarche, donnant l’impression  qu’elle est montée sur des ressorts. Le bruit de ses pas est très différent des autres coureurs, nettement plus doux, feutré, amorti. En portant un regard un peu plus attentif sur le déroulé de son pas je constate qu’elle attaque le sol par l’avant-pied, suivi d’une descente du talon jusqu’à ce qu’il vienne effleurer le sol. Je me permets de lui demander si cette démarche est intentionnelle.  Elle regarde alors ses pieds avant de se retourner vers moi pour me dire qu’elle n’avait jamais fait attention à sa démarche et surtout qu’elle ne savait pas qu’elle marchait ainsi! Afin d’éclaircir ce mystère nous lui demandons de nous retracer son parcours pour essayer de comprendre ce qui aurait pu l’amener à déployer une telle démarche.

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Une virée à flanc de montagne et fonds de vallée

Frédéric Brigaud, Ultramag.fr, Juin 2015

UNE VIRÉE À FLANCS DE MONTAGNE ET FONDS DE VALLÉE

RÉCIT – TRAIL | SUR LES TRACES DU 42 KM DE L’UTAT

UNE VIRÉE DE 42 KM SUR LES TRACES DE L’ULTRA-TRAIL ATLAS TOUBKAL, AU MAROC, C’EST L’OCCASION DE DÉCOUVRIR DES VALLÉES VERDOYANTES, DES COLS ARIDES, DE RENCONTRER DES MULETIERS ET DE SAVOURER L’INCOMPARABLE SOUPLESSE DES THUYAS.

Au cœur du parc national du Toubkal, au départ de la station de l’Oukaimeden (2620 m d’altitude), 42 kilomètres, 2600 mètres de dénivelé et 3 cols au-dessus de 3000 mètres semblent résumer le parcours que nous avons choisi d’effectuer. Cependant il serait réducteur de le présenter ainsi tant le lieu est riche.

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Adoptez la foulée parfaite

Frédéric Brigaud.
Entretien réalisé par Philippe Vogel
Runner’s World n°53 mai 2015

Courir plus efficacement en améliorant sa foulée et en modifiant durablement sa posture ? C’est possible et même facile, grâce à une nouvelle méthode d’analyse et de correction posturale.

Imaginez votre corps séparé verticalement en deux parties distinctes: le côté droit et le côté gauche. Lorsque nous courons sur un parcours plat, nous sommes censés reproduire spontanément des mouvements et une gestuelle parfaitement symétrique des deux côtés. «Mais en fait ce n’est presque jamais le cas», explique l’auteur de cette nouvelle méthode de correction des appuis. «Le balancement des bras, le pivotement du tronc, le temps de contact au sol entre le pied droit et le pied gauche sont rarement équivalents», ajoute Frédéric Brigaud, ostéopathe et spécialiste en biomécanique. Et à la longue, tous ces déséquilibres inconscients mais réguliers peuvent être source de blessures. La somme de toutes ces postures (épaule plus haute, tronc plus ou moins incliné ou tête penchée) pas toujours idéales pour le corps peut également influer sur les pressions au sein des différentes articulations, la symétrie des appuis et les tensions entre les différents muscles. Tous ces éléments sont souvent occultés alors qu’ils impactent pourtant l’organisme et le rendement du coureur, «ils jouent un rôle prédominant dans l’efficacité du geste et dans la recherche de la meilleure posture possible».

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Pourquoi modifier sa foulée ?

Par Frédéric Brigaud
Joggeur Magazine #19 – Mai Juin 2016

LA FOULÉE D’UN COUREUR KENYAN SE DISTINGUE PAR SON ATTAQUE DITE « AVANT-PIED », AU CONTRAIRE DE LA PLUPART DES OCCIDENTAUX QUI ATTAQUENT PAR LE TALON. Y A-T-IL UN INTÉRÊT À MODIFIER NOTRE FOULÉE POUR SE RAPPROCHER DE CEUX QUI GAGNENT DES MARATHONS ?

TU COURS TALON OU AVANT-PIED ? 

Une question qui nécessite souvent un temps de réflexion. Faites le test autour de vous pour vous en rendre compte, la réponse ne vient pas aussi spontanément qu’il pourrait sembler car beaucoup de coureurs ne savent pas quel type de foulée ils emploient. Ils chaussent leurs baskets et partent courir tout simplement, se souciant peu du reste. Pourtant, selon la technique utilisée, on gère différemment les contraintes liées à la pratique de la course à pied, à commencer par la force de réaction au sol. Quelques bonds sur place, pieds nus, qui s’effectuent spontanément sur l’avant-pied, permettent de ressentir très facilement qu’une telle prise d’appui nous assure une meilleure gestion de l’impact qu’une prise d’appui talon. À tel point que le simple fait d’imaginer se réceptionner sur les talons nous crispe, de peur d’avoir mal en raison de l’onde de choc douloureuse que cela produit, nous faisant atterrir brutalement sur le sol sans aucune maîtrise ou alors requérant une gestuelle très coûteuse énergétiquement et peu efficace (https://youtu.be/wkmAdoZQaAY).

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TRAIL ET MINIMALISME AU MAROC DANS LE HAUT ATLAS

Frédéric Brigaud, Ultramag.fr, Mai 2015

RÉCIT – TRAIL | 26 KM DANS L’OUKAIMEDEN AU PRINTEMPS

AU PRINTEMPS, LE MASSIF DOMINANT LA STATION DE SKI D’OUKAIMEDEN AU MAROC SE PRÊTE ADMIRABLEMENT À LA PRATIQUE DU TRAIL : C’EST L’OCCASION POUR FRÉDÉRIC BRIGAUD DE COURIR 26 KM SUR DES SENTIERS TECHNIQUES EN MODE MINIMALISTE.

Fin avril début mai, il ne reste que quelques névés sur les sommets dominant Oukaimeden, une des principales stations de ski du Maroc. Située dans le Haut Atlas, à 77 km de Marrakech, les températures y oscillent de 15 à 24°C à 2600 mètres d’altitude. Des kilomètres de sentiers techniques n’attendent qu’un pied volontaire pour se laisser fouler. Cette station devient alors le point de départ d’un terrain de jeu idéal pour les coureurs en préparation de l’Ultra-Trail Atlas Toubkal (UTAT) de fin septembre. Mais pourquoi ne pas les découvrir autrement, plus lentement et en mode minimaliste ?

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Prévention – Corriger le pied sans semelle

Entretien réalisé par Jean Daugignon
L’entraineur du ski alpin n°93 – mars 2015

Frédéric BRIGAUD, dont nous avons apprécié l’intervention lors de colloques organisés par l’AFESA , vient de publier un nouvel ouvrage “Corriger le pied sans semelle”. Il nous a paru intéressant de lui demander pourquoi et comment cette correction pouvait être utilisée par les skieurs de compétition.

Jean DAUDIGNON : Dans votre ouvrage vous abordez une nouvelle conception du fonctionnement du pied, est-elle utilisable par le skieur de compétition ?

Frédéric BRIGAUD : Au premier abord, le pied étant maintenu dans la chaussure de ski, pour ne pas dire emprisonné, sans possibilité de mouvement, nous pourrions effectivement croire que cela ne concerne pas le skieur de compétition. Bien au contraire, comme je l’évoquais dans un précédent article au sein de votre magazine (Diminuer le risque d’entorse consécutif à la pratique du ski alpin, Avril 2012) la chaussure de ski est semblable à une orthèse rigidifiant/bloquant/limitant certains mouvements qui, il faut le reconnaitre, s’ils n’étaient pas bloqués, rendraient difficile pour ne pas dire impossible la pratique du ski de compétition. Je parle ici notamment des mouvements permettant d’orienter le pied vers l’intérieur ou l’extérieur par rapport à la jambe (mouvements d’inversion/éversion), grâce à l’articulation sous-talienne (articulation qui se situe en dessous de la cheville, méconnue et trop souvent amalgamée à la cheville), et le mouvement de torsion entre l’avant-pied et l’arrière-pied (interligne articulaire de torsion), deux mouvements impossible à effectuer au sein d’une chaussure de ski. Si une chaussure rigide est nécessaire actuellement pour pratiquer efficacement le ski alpin, elle présente donc des inconvénients. Evoquons brièvement pour commencer l’impact d’un pied pronateur. Rappelons que, debout, la jambe droite en l’air, il est possible d’orienter le pied vers l’intérieur ou l’extérieur grâce à trois articulations distinctes, l’articulation sous-talienne que nous venons de mentionner, le genou grâce au mouvement de rotation (rotation du tibia sous le fémur) et la hanche (rotation de hanche) (fig.1). Dès lors, l’orientation de votre pied par rapport à votre bassin, élément essentiel dans la pratique du ski alpin, dépend de ces trois articulations ! Il est donc utile de bien discerner/déterminer l’origine du mouvement, l’origine de l’orientation du pied et donc du ski par rapport au bassin. Avoir les pieds parallèles ne veut pas dire que les autres segments le sont pour autant. D’un point de vue technique et biomécanique, si l’on souhaite maintenir les pieds parallèles, plus les pieds sont éversés par rapport au tibia, c’est-à-dire plus ils sont ouverts (orientés vers l’extérieur dans un mouvement d’éversion, articulation sous-talienne), plus il faudra produire une rotation interne de hanche pour compenser l’éversion (l’ouverture des pieds). Les genoux se trouvent donc par conséquence orientés vers l’intérieur pour parvenir à garder les pieds parallèles, faites le test. Dès lors, dans ce cas, tout un pan de la gestuelle du skieur est limité augmentant notamment les risques de produire davantage de torsion au sein de l’articulation du genou.

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L’entonnoir ! Apprendre à marcher/courir ou porter des orthèses

Par Frédéric Brigaud.
Ultramag – Janv/Fev 2015

TECHNIQUE – COURSE À PIED | APPRENDRE À MARCHER OU COURIR AVEC DES ORTHÈSES ?
LA PRONATION ET DANS UNE MOINDRE MESURE LA SUPINATION SEMBLENT ÊTRE DES FATALITÉS : PRONATEUR TU ES, PRONATEUR TU RESTERAS. LES CHAUSSURES DE SPORT SONT ALORS CHOISIES EN CONSÉQUENCE, PALLIANT CE DÉFAUT. POURTANT, UNE PRONATION N’EST JAMAIS DUE QU’À UNE MAUVAISE « UTILISATION » DE NOS PIEDS. S’EN DÉBARRASSER EST POSSIBLE… ENCORE FAUT-IL EN ÊTRE CONSCIENT, ET LE VOULOIR.

Samedi matin, il est 9 h et je cours m’acheter une nouvelle paire de runnings dans un magasin qui propose d’analyser gratuitement ma foulée, et ainsi de mieux choisir mes futures chaussures, vidéos à l’appui. Je ne vous l’ai pas dit, mais je fais partie de la catégorie « pronateur », vous savez ceux qui ont les chevilles qui s’effondrent vers l’intérieur et qui ont cette tendance à courir les pieds ouverts. C’est comme ça, merci les parents.

La preuve par l’expérience

Me voilà donc sur un tapis de course sous l’œil d’une caméra qui filme ma foulée de dos, et plus précisément mes pieds. À peine suis-je descendu du tapis que je peux regarder ma prise d’appui au ralenti et observer avec consternation qu’aucun miracle ne s’est produit depuis la dernière fois, je suis toujours pronateur… mais je m’en doutais un peu, vu l’usure de mes chaussures.
Alors on me fait essayer un premier modèle que je teste immédiatement sur le tapis tout en étant de nouveau filmé ! Magnifique, mon pied ne s’effondre plus, ou nettement moins. C’est bon je les achète, comment refuser après une telle démonstration. Merci Descartes, une cause, un effet ! J’ai besoin de cette chaussure, mon corps la réclame ; mieux qu’un grigri.

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Prise en charge posturo-dynamique du coureur

Entetrien (Unrated version) – Ostéomag – Janvier 2015

Frédéric Brigaud, ostéopathe de formation, est auteur de « La course à pied – Posture, Biomécanique, Performance » dans lequel il décrit son concept d’empilement articulaire dynamique appliqué à la course. Il se définit aujourd’hui « consultant en biomécanique humaine » et nous présente sa prise en charge du coureur et son intérêt pour un travail actif d’éducation et de rééducation posturale et de correction de la gestuelle dans le mouvement. de la course à pied.

Vous vous êtes éloigné de la prise en charge ostéopathique classique, pourquoi? 

Ostéopathe auprès de sportifs de haut niveau, je me suis aperçu assez rapidement dans ma pratique qu’une prise en charge ostéopathique passive et la correction des dysfonctions articulaires sur table palliaient seulement pour un temps les déséquilibres articulaires et posturaux responsables d’une grande majorité des pathologies chez le sportif, sans les corriger réellement.

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